dimanche 14 octobre 2007

cogito ergo sum 3


(La barque, marie 2007)
Ange a inspiré mon ami Michel, de Montréal. Il nous transmet son texte par le biais de ce blog. Bonne lecture!

"LE NOUVEAU NÉ...

''Nous ne savons plus ce qu'est le bien, mais nous voulons le transmettre à nos enfants" (CHESTERTON)

Je n'ai pas connu ma mère. Ce n'est pas de sa faute, elle n'a pas voulu d'enfant. Elle n'a pas souhaité ma venue. Ma naissance est due à ma propre volonté. Elle avait sans doute un Nom mais je ne m'en souviens pas. J'aurais voulu devenir quelqu'un d'autre mais je suis ce que je suis, Il faut que je me débrouille avec.
Les êtres sont ceci ou cela. Je désire m'inventer des ancêtres à moi, mais je sais que la chose est impossible. À la limite je peux prétendre que je suis mon propre ancêtre ou que le passé est insignifiant.
Je serai aussi peut-être plus apte à m'écouter, à prendre mon histoire au sérieux, à me rejoindre. Pour le moment je demeure encore dans le présent. Je ressens un certain manque. C'est peut-être du au fait que je sois prématuré? Ou à la négligence de ma mère de m'avoir abandonné? Sa fuite me laissera surement des séquelles, un retard culturel sinon mental.

J'essaie de m'adapter à l'air du temps, il y va de mon bien de ma survie.
Cette époque n'est pas la mienne alors il va me falloir me soumettre à de véritables épreuves avant de l'accepter. Même si j'y suis exclus, il me faudra bien penser à entrer dans le rang.
C'est douloureux pour le moment mais ça me fera beaucoup de bien dans l'avenir.
Je voudrais bien retourner en arrière mais je ne sais pas trop comment y retourner.
Je suis nostalgique de mon ancienne vie même si je sais plus ce qu'elle était.
A peine arrivé, je me retrouve sans force et sans destination, Pourtant rien de plus facile, la vie il suffit de la prendre en main. C'est justement là mon problème, je n'arrive à rien saisir. Je suis épuisé et les mains vides.
J'ai cru atteindre ma re-naissance, mais je suis à nouveau dans le trouble et sans foyer.
Ma tête est mon enfer alors pour me guérir je me contente du vide, je regarde sans voir, j'écoute sans comprendre, je touche sans rien sentir et je dors sans rêver.
Ma souffrance vient de ma mémoire. C'est vrai que trop de mémoire ça fait mal mais... ce n'est pas grave. L'amour aussi ça fait mal autrement je ne serais pas là. Peut-être que je suis tout simplement pas doué pour le bonheur?
Il me faut vivre, vivre c'est important. Peut-être que je pourrai m'ajuster, que j'apprendrai à faire la cuisine, à faire l'amour. Mais peut-on apprendre à faire l'amour si l'on n'a jamais été aimé?
Ce qui compte c'est d'apprendre à faire des choses, des choses agréables et qui sait, peut-être qu'un jour je pourrai me dire que j'ai bien vécu, que j'ai enfin franchi une vie avec succès.
Mon corps est secoué par le froid, j'entends des voix qui disent qu'ils ont reçu l'ordre de ne pas me réanimer. Je tends les mains, je veux m'expliquer, m'excuser. On me donne un baiser sur le front comme on fait à un enfant qu'on pardonne.
Ils ont pourtant tous l'air plein de bonne volonté, mais ils ne bougent pas, ne disent rien. Je m'affaiblis, je m'effondre, mon regard s'éteint. J'étais si près du bonheur, du genre de bonheur auquel nous nous croyons tous en mesure d'aspirer.

J'ai encore tout gâché."

Michel

Ange, lui est, contre toute attente, toujours vivant et étonne son entourage tous les jours....!

5 commentaires:

paradox a dit…

Je suis volonté : voilà ce que je retiens en mémoire...

Mais je dois apprendre, je dois tout apprendre, même quand je n'ai pas de professeur d'amour à ma disposition.

Je n'arrive pas à satisfaire ceux qui tentent de me réanimer : n'ait pas peur Michel, ce n'est pas grave, ne te sens pas coupable, personne n'est coupable, ni de vivre, ni de mourir, ni même de laisser vivre ou mourir : soit léger, tu n'as rien gâché, tu as vécu, tu as éprouvé la vie, tu as pris corps et conscience et mémoire pour devenir libre, pour éprouver la liberté de mouvement, dans l'entrave de la matérialité, parce que tout à un prix : pour être libre il faut être prisonnier de son corps : c'est le principe.

La vie est faite pour éprouver sa volonté de liberté dans la conscience des limites qu'elle nécessite. Et pour s'en souvenir.

Vivre, c'est s'émanciper dans la contrainte de sa nature.

Ange le sait bien, lui...

paradox a dit…

Vivre, c'est aussi jouer, jouer son rôle dans son biotop, pour échanger, pour communiquer.

Le bonheur, c'est quand je vis pour jouer et non plus quand je joue pour vivre.

Pour le moment, Ange se joue des entraves : c'est un joueur déjà fort habile. Normal, c'est un précoce...

Personnellement, je suis un tardif, c'est pour ça que je le comprend : même axe, sens opposé, nous nous ressemblons.

Bisous petit Ange.

Ulysse a dit…

Au vrai, rien que des bisoux!

Astrale a dit…

Je transmets vos bisous à Ange...il reste des évènements inexplicables, la science ne contient pas tout, elle est au service de la vie, quand elle ne la détruit pas.

Anonyme a dit…

Très beau texte de Michel :)