samedi 7 avril 2007

Comedia

C'est dans le récent film intitulé"Nu propriété"dans lequel joue Isabelle Huppert, que l'on peut sonder au mieux les difficultés de communiquer des êtres. Ce film est un exemple dans le genre!
Le malaise de la plupart des couples, des membres d'une même famille, voire d'un groupe d'amis ou plus loin encore, d'une société, ce malaise donc réside dans la peur de s'exprimer, de montrer ses sentiments, son ressenti, ses émotions. la pudeur ou la méfiance de l'autre, sa méconnaissance, son étrangeté, font que chacun reste emprisonné dans son histoire. De plus, les quiproquos sont nombreux, les blessures, ou simples maladresses, la vanité et la douleur, ainsi que la mauvaise foi sont les ingrédients parfaits pour réussir dans l'incommunicabilité, dans la haine de l'autre, même s'il y a de l'amour.C'est bien là le paradoxe. Un autre élément important dans la mésentente est l'impossibilité de tenir compte de son ressenti immédiat, de le traduire en mots et de prendre le recul necessaire pour ne pas sombrer dans la colère qui aveugle.
Les drames en découlent.

10 commentaires:

deligne a dit…

Je n'ai pas vu le film dont tu parles Marie, mais j'ai en tête un film réalisé pour la TV de Fassbinder qui dit ceci "Martha, en fait, n'est pas opprimée, elle est éduquée. Et cette éducation est en même temps une oppression... Si à la fin du film, Martha n'est plus capable de vivre seule, c'est qu'elle est parvenue à ses fins...
Le film raconte l'histoire suivante : comment cette femme parviendra-t-elle à être heureuse ? La plupart des hommes ne sont tout simplement pas capables d'opprimer les femmes aussi parfaitement qu'elles le souhaiteraient." (cité dans Wilhelm Roth, Fassbinder) Excellent film sur les rapports h/f !

Le manque de communication, l'impossibilité d'extérioriser ses sentiments entraînent certainement des frustrations et du ressentiment, de la violence ensuite. Mais je pense aussi que l'injonction, à laquelle nous devons répondre depuis qqs temps, indiquant qu'il nous faut être totalement transparents, est toute aussi dangereuse que celle qui voulait que nous souffrions en silence. Je ne crois pas que tout mettre sur la place publique, comme sont sommés de la faire nos cousins américains, par exemple, soit si bénéfique pour l'équilibre psychique et nécessaire pour une meilleure entente interpersonnelle.
Il faut trouver une voie médiane entre ces deux extrêmes, et, je te l'accorde, Marie, ce n'est pas tjs facile.

deligne a dit…

Le film dont je parle plus haut, c'est : Martha

deligne a dit…

Je relisais quelques textes coincés dans le fond de mon HDD, ce matin, et j'ai pensé que celui qui suit serait une bonne illustration de ton billet, Marie :

De peur que je n'apprenne à te connaître trop facilement,
tu joues avec moi.
Tu m'éblouis de tes éclats de rire pour cacher tes larmes.
Je connais tes artifices.
Jamais tu ne dis le mot que tu voudrais dire.
De peur que je ne t'apprécie pas, tu m'échappes de cent façons.
De peur que je te confonde avec la foule, tu te tiens seule à part.
Je connais tes artifices.
Jamais tu ne prends le chemin que tu voudrais prendre.
Tu demandes plus que les autres, c'est pourquoi tu es silencieuse.
Avec une folâtre insouciance, tu évites mes dons.
Je connais tes artifices.
Jamais tu ne prends ce que tu voudrais prendre.

Rabindranath Tagore, Le Jardinier d'amour, XXXV.

Astrale a dit…

Je suis d'accord avec toi, Scheiro, que tout ne doit pas être étalé sur la place publique. L'individu ne doit pas être gommé dans la relation. C'est pour cela que le texte que tu as rajouté, je le trouve magnifique. De la pudeur, de l'attrait pour l'Autre; Ce que je voulais signifier dans mon texte est que l'on ne doit jamais accepter la souffrance. Etre vigilant à la douleur que l'on ressent dans une relation défaillante, doit conduire à analyser le pourquoi du mauvais ressenti et, après sa compréhension, exprimer à l'autre, lui dire et essayer de se comprendre mutuellement. C'est un ajustement, comme un puzzle...cela demande aussi d'écouter l'autre, d'essayer de le comprendre . cela n'est possible que si l'on n'a pas laissé s'entasser des quantités de frustrations ou de blessures. Se connaître soi est aussi important.
merci de m'avoir fait connaître cet auteur, mister hyper-scheiro!
Bona Pasqua!

deligne a dit…

¡Feliz Pascua de Resurreción!
Je repasse un peu plus tard pour prolonger cette conversation, Maria :-))

Astrale a dit…

à plus tard alors...
Marie

deligne a dit…

Voilà, Astrale, je suis de retour avec l'idée que ce qui te préoccupe le plus, ici, c'est le pb de l'éthique. En effet, je lis dans ton commentaire la phrase suivante : "Ce que je voulais signifier dans mon texte est que l'on ne doit jamais accepter la souffrance. Etre vigilant à la douleur que l'on ressent dans une relation défaillante..."

Comme je sais que tu t'intéresses à la philo, mais comme je ne sais pas si tu as lu Levinas je te donne un aperçu de son oeuvre qui va je crois dans le sens des question que tu soulèves, ici.

La relation à autrui est fondamentalement dissymétrique. Ce n'est pas la rencontre entre deux personnes placées sur un pied d'égalité, une amitié réciproque, ni le résultat d'un contrat librement choisi. La survenue d'autrui arrache le moi à sa condition et le place en situation d'infiniment obligé. Le "après-vous " de la politesse, la filialité, les préoccupations pour le besoin du démuni ou de l'étranger sont des exemples de cette dissymétrie.

Cette mutation du souci pour soi en souci pour autrui, de la subjectivité qui ne se définit plus comme persévérance dans l'être, accaparement, domination, mais au contraire comme "sujétion" est ce qui constitue la véritable humanité de l'homme. Entre les diverses manifestations qui constituent la sphère du Même (la jouissance, l'économie, bref l'égoïsme) et la rencontre avec le visage d'autrui s'introduit une rupture radicale. La liberté n'est plus pensée sous le signe de l'autonomie mais sous le signe de la responsabilité. Elle assigne irrévocablement le sujet à autrui. Au lieu d'aspirer à être "berger de l'être" (Heidegger), l'homme doit accepter d'être le "gardien de son frère". Mais jusqu'où peut aller la responsabilité envers l'autre ? On peut être "pris en otage" par autrui. L'absence de limites dans la responsabilité est immorale puisque la morale suppose une universalisation des maximes de mon action, une réciprocité.

Comme Levinas dis des choses bien plus intelligentes que tout ce que je pourrais écrire ici sur la responsabilité, je ne te ferais pas perdre ton temps en commentant plus longuement sur ce sujet, Marie.
Je repasserai bientôt ;-)
Hasta luego !

Astrale a dit…

Platon, en se référant à la mythologie grecque, nous rappelle que Zeus a puni les humains de leur orgueil en les sectionnant en 2, et que c'est le désir et la recherche d'une réunification("fondre ensemble") qu'on appelle l'amour(fusionnel). Pour ne plus se trouver coupé, l'humain aurait à faire couple, ce que l'on peut dire aussi passer du "je" au "nous". Couple dans lequel l'autre est miroir de ce que chacun espère, accepte ou tolère en lui-même. Il y a un rôle réfléchissant qui, au dela de ce qu'il comporte d'illusoire est essentiel au maintien du couple et tient de même l'individu.
Les difficultés arrivent lorsque l'évolution ne s'est pas faite dans l'individuation de l'un et l'autre, passage du "nous" vers le "je". Et c'est à ce moment là du décollement du "nous" vers le "je" que paradoxalement, le "sujet" peut transformer sa liberté d'autonomie en liberté de responsabilité; je connais lévinas de nom, j'ai dû en lire des bribes,; merci de me le faire connaître mieux. Je vais approfondir.
Quel beau soleil ce wend...je suis de garde...
bye!

Antony Manuel a dit…

Bon j'ai raté des étapes moi, c'est que Marie m'avait dit être en voyage mais peut-être poste-t-elle à l'aide de son BlackBerry !
J'ai tant de films en retard que je n'espère même pas pouvoir voir celui-ci. Dans l'article, je rajouterai une chose qui à mon sens créé du malaise : le manque d'écoute voire l'indifférence.

Astrale a dit…

Coucou Marc!
non, je ne suis en voyage qu'à la fin de cette semaine! via Italia...
donc mon petit reportage photo sera pour fin avril! Bon, em même temps, l'italie ce n'est pas le désert, je me connecterai de temps à autre si possible.
Nos discussions et de vous lire tous vont me manquer!
m'enfin, je crois que je vais passer du bon temps(bona pasta con pommodore et pamiggiano!)natura et farniente!! Albert Camus nous dit"il n'y a pas de honte à préférer le bonheur", alors je ferme mes chacras aux mauvaises nouvelles pour un temps.