Bien étrange époque ! que nous avons du vivre ...durant cette seconde guerre mondiale... Nous nous en sommes tirés indemne , alternative à laquelle qu’aucun d’entre nous n’imaginait . Nous étions entré clandestinement dans ce qu’on appela la “résistance” dès que cela fut possible. En janvier 1941.
21 mois plus tard nous participâmes à l’action qui permit le débarquement américain en Afrique du Nord.
Le “putsch” des résistants français , puisque c’est ainsi qu’on appela ce coup d’état, que nous avons exécuté le 8 novembre 1942 à Alger , fut le facteur décisif du succès du débarquement anglo-américain en Afrique du Nord , nommée , par les français “opération Torche”: il fut le tournant de la guerre contre l’Allemagne, et même de la seconde guerre mondiale...passé sous silence dans les manuels scolaire, ce moment de l'histoire fut un tournant de la guerre...il annonçait ce qui allait suivre.
La résistance “Algéroise" dont je faisais partie et qui ne comprenait que 350 à 400 résistants ( 377 ) fut à la base de ce tournant de la seconde guerre mondiale du 8 novembre 1942.
Le Secret et le silence étaient nos outils principaux.
2/Préparation du Débarquement allié , Composition et constitution :
La population de l’Algérie comprenait , parmi les civils 7 millions de musulmans, 930 000 Français et parmi eux 130 000 français d’origine juive. A Alger même la proportion des différents habitants était sensiblement identique.
La résistance algéroise, s’était donc constituée dès 1940-1941 . Elle comprenait plusieurs éléments, essentiellement des sujets français , surtout d’origine juive mais également, surtout dans l’armée, de sujets à opinions royalistes . anti-collaborationnistes comme l’abbé Cordier.. quelques musulmans , étaient également avec nous. D’ailleurs, les musulmans à cette époque refusèrent toute activité antisémite malgré l’invitation des autorités vichystes, à cette époque..
Notre but était de constituer à Alger même un groupement de combattants ayant pour mission la neutralisation ou la destruction des commissions d’armistice allemandes et italienne s ; hélas la collaboration avec l’Allemagne hitlérienne était effrayante . Songez que l’amiral Darlan donna l’ordre , depuis Alger, à la flotte de Toulon de se saborder alors qu’il aurait fallu leur donner l’ordre de rallier les forces anglo-américaines.
3/ L’operation Torche . Alors quelle fut exactement notre Action dans la nuit du 7 au 8 novembre 1942 ?:
Cette action avait été parfaitement organisée par nous tous et surtout par nos chefs. = Son but : empêcher la garnison militaire vichyste de se mobiliser contre les américains et contre nous.
rappelons que , sauf d’en avoir reçu l’ordre il nous était interdit tout recrutement. le silence, et surtout, le secret était notre outil et notre arme principale. c’est elle qui nous permit de vaincre les vichystes
Car la règle inflexible était d’ignorer les autres,pour être incapable de les dénoncer et être à l’abri d’une dénonciation éventuelle, toujours possible! Nous portions, chacun un brassard marqué “ V.P. “ qui signifiait “volontaire de la place” mais l’on faisait croire aux vichystes, accidentellement rencontrés, que cela voulait dire “ vive Pétain”., ces brassards permettaient surtout de se déplacer dans la ville malgré le “ couvre-feu” instauré durant la guerre. et qui interdisait tout déplacement dans la ville . Je portais un tel insigne car je devais me déplacer d’une section à une autre voir et aviser civils et surtout les militaires.
7 novembre nous allâmes, entre autres missions , voir des chefs militaires français dans la banlieue d’Alger : on leur annonçait que le débarquement devait avoir lieu le 8, le 9 ou le 10 novembre: un de ces trois jours; en fait nous savions qu’il devait avoir lieu le 8 . Tous ces chefs militaires , qui étaient d’accord avec nous , étaient perplexes , pour une raison tout à fait compréhensible : la pauvreté des éléments de guerre mis à leur disposition pour le combat par les anglo-américains : malgré leurs promesses : il n’y avait que quelques rares vieux fusils, à peine quelques chars d’assaut , quelques canons anciens ; aussi, malgré leur désirs, cela les rendaient hésitants.
La ville fut divisée en 3 puis en 5 secteurs dont avec des dirigeants responsables : chaque secteur comprenant plusieurs groupes, .
Le 5ème secteur était divisé , lui-même en trois sections dirigées par Jean Athias, Pierre Cardona , moi-même, et un groupe de jeunes gens; adolescents,étudiants pour la plupart dont certains avaient été exclus de la faculté par les lois antisémites.
La réunion des chefs eut lieu , d’abord, à 18 heures , à Alger,C’est Jousse qui décida et nous donna le mot de passe : ce fut “Whisky- Soda”.
Le soir du 8 emportant quelques armes de fortune dont je savais à peine me servir. j’allais, avec mon groupe , dirigé par José , au Commissariat Central , , c’est là que l’on dirigea l’action .
Notre action était essentielle .
Principalement fut effectué =La neutralisation de tout l’arsenal militaire ou civil qui était destiné par Pétain à empêcher le débarquement anglo-américain en Afrique du Nord , aussi bien les éléments du corps armé au nombre de 11000 ainsi que les hommes plus ou moins collaborateurs vichystes des puissances de l’axe au nombre de 20000 :
: pour cela, les différents groupes agirent , simultanément dans les différents points de la ville. L’amirauté d’alger fut également occupée. prendre d’abord la grande caserne Pelissier, laissant sur place un détachement de résistants puis le commissariat de police du 1er arrondissement dans la basse casbah laissant sur place un second détachement ; puis ils prirent - le Q G du général Juin au palais d’hiver avec la reste de la troupe.Puis les résistants firent prisonniers , colonels, généraux , hauts fonctionnaires du Gouvernement Général qui , convoqués,entraient au Commissariat Central , pour prendre des nouvelles mais ne pouvaient en ressortir : ils étaient nos captifs ;Très vite le sous-sol du commissariat central regorgea de prisonniers civils et militaires ; on attendait le débarquement des troupes américaines qui malheureusement arrivèrent avec beaucoup de retard, à l’aube du 8 novembre . 5
l’Action des résistants fut , par ailleurs, rapidement engagée et efficace .
Ces 377 résistants agirent : d’abord les câbles téléphoniques entre Alger et Vichy furent sciés et mis hors d’usage par l’un d’entre nous mais les lignes de correspondances locales furent respectées et la centrale téléphonique d’Alger occupée, ce qui permit l’action des résistants, sans faire couler de sang .
le lieu où j’étais regorgea très vite de prisonniers civils et militaires
Nous nous étions également emparés de tous les points stratégiques de la capitale , “Alger” , considérée alors comme la “ citadelle de la collaboration”; les hommes, civils ou militaires et les officiers de la troupe de choc avaient été tenus dans l’ignorance totale des noms , des plans, et des buts de cette poignée d’hommes qui étaient à la tête de l’entreprise .
Malheureusement, Darlan, qui correspondait directement avec Vichy avait déjà donné l’ordre à la flotte de Toulon de se saborder au lieu de rejoindre, comme elle aurait du , l’Afrique du Nord.
L’Opération était entièrement terminée à 3 heures du matin . Les américains et les anglais n’arrivèrent que vers 15 heures,
Mais l’opération était déjà parfaitement réussie
Un détail important : Rappelons que Parmi ces américains qui débarquèrent beaucoup, la plupart étaient, en réalité, des anglais qui avaient revêtu des uniformes américains !!.
Pour conclure, deux points importants nécessitent d’être signalés
:1°) Le déroulement des évènements à Alger sont à la base du retournement de la guerre et de la victoire finale.
2°) Le curieux silence historique passé et présent sur ces évènements
André, 90 ans, encore en vie pour nous transmettre ce morceau d'histoire...vécu! un coin du voile se lève, j'espère que ce témoignage vous aura intéressé!
6 commentaires:
Tu ne seras pas étonnée, si je te dis que, dans les grandes lignes, c'est une partie de l'histoire que je connaissais.
Pour un récit fait sur la même période et qui concerne le débarquement U.S. au Maroc, Paul Brandenburg commence ainsi:
"La défaite [de la France] me laisse un goût amer et je ne l’admets pas. A Rabat, deux officiers ont l’idée de créer un mouvement de jeunes pour nous redonner espoir et nous préparer au métier des armes. Bien sûr je m’y engage et là, à l’insu des commissions d’armistice germano-italiennes, nous apprenons à obéir, car la première devise de l’armée est : « La discipline fait la force principale des armées » ; ce qui d’après moi est bien vrai.
Nous sommes nombreux et nous nous retrouvons au CREPS de Rabat où bien entendu nous apprenons les chansons à la gloire de Pétain car nous sommes surveillés. Puis, sous prétexte d’aller faire du sport dans les bois nous allons en bicyclette dans la forêt des Zaërs, à proximité de Temara. Là, loin des oreilles ennemies, le discours change, on ne parle plus que de revanche, on nous apprend le service en campagne et le grand secret de la guerre : « Voir sans être vu ». Bien sûr, nous chantons la Marseillaise et nous adoptons comme hymne : « Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine ». Nous sommes tous animés de la même volonté : nous battre, en découdre avec ces Allemands qui occupent notre sol."
Le débarquement sera plus meurtrier au Maroc qu'en Algérie.
Quelque chose qui est peut-être encore moins connu que l'Opération Torche est la choses suivante :
L'INTERNEMENT D'ESPAGNOLS ET D'ITALIENS
Une autre catégorie de population subit, sous Vichy, des mesures discriminatoires : les centaines de républicains espagnols réfugiés au Maroc depuis 1939, après la victoire de Franco et du fascisme en Espagne, au terme d'une terrible guerre civile. Beaucoup de ces réfugiés sont installés à Casablanca (ils représentent par exemple 15 % de la population du quartier du Mâarif). Cette communauté, dont les idéaux politiques de gauche ou d'extrême gauche sont exécrés par Vichy, est placée sous la surveillance des autorités du Protectorat. Des Espagnols sont même arrêtés et internés dans des camps, comme ceux d'Azemmour ou de Oued-Zem.
Les francs-maçons et les quelques résistants gaullistes, engagés de la première heure, sont également traqués par les autorités françaises, avec parfois le concours de la Gestapo et des services secrets allemands.
Après le débarquement américain au Maroc, en novembre 1942, le Protectorat, qui est passé dans le camp des Alliés, libère les républicains espagnols, les francs-maçons et les résistants français.
C'est au tour de la population italienne d'être suspectée... L'Italie fasciste de Mussolini étant l'alliée de l'Allemagne nazie. A Casablanca, par exemple, des Italiens sont enfermés dans un camp situé dans le Maarif : baraquements en bois avec fils de barbelés, pour ces hommes qui se font parfois traiter de fascistes... Par leurs propres voisins !
Oui, scheiro, je sais qu'il y a eu malheureusement des milliers de morts au Maroc...pour Alger, le fait que justement les résistants ont pris la ville avant le débarquement a permis qu'il n'y aie que 2 morts et des blessés. Ceci étant, l'histoire en Algérie comme au Maroc n'est que très peu étudiée...comme tu l'as déjà écris, et je te rejoins, une certaine forme de nombrilisme caractérise le français, dont je suis (en partie comme toi..)
C'est surtout le fantasmatique mythe de la résistance française qui serait sérieusement écorné si ce genre d'histoires était mis en avant. Les français, aujourd'hui, encore veulent croire qu'ils se sont libérés du joug nazi par eux-même. Or, ce sont des combattants américains, anglais australiens, marocains, algériens, sénégalais, etc. et des français de toutes origines et confessions, venus d'Afrique du Nord qui se sont tapés le sale boulot.
J'ai connaissance d'anecdotes de première mains très parlantes sur le comportement des métropolitains fr. durant la période qui a suivit les différents débarquements des troupes alliées et africaines. Paul B. y fait allusion aussi dans son récit : "Avant de continuer mon récit, je souhaiterais évoquer deux recrues atypiques que nous avons faites en Normandie. Lors d’une halte, nous étions en train de camoufler nos chars dispersés le long de la haie qui entourait une belle prairie normande. Il était environ cinq heures de l'après-midi, nous avons vu se diriger vers nous le fils du fermier du coin, un costaud d'environ vingt-cinq ans avec un bon accent du terroir, se nommant Pierre Messac. Il nous a déclaré qu'il voulait s'engager avec nous. Le Chef l'a adressé au Lieutenant qui, après dix minutes d'entretien, l'a engagé comme « volant » en attendant une affectation sur un char. Il a sympathisé immédiatement avec tout le monde. La deuxième recrue a été un prisonnier allemand qui a déclaré être polonais. Ce qui a décidé le Lieutenant, c'est la volonté affichée par ce garçon à vouloir combattre. Voilà ce que nous a traduit Eddy : « Les Allemands m'ont permis de me battre contre un des deux ennemis de mon pays : la Russie. Maintenant permettez-moi de combattre le deuxième ennemi, les Allemands ». Son nom : Josef Pen. Il a été décidé qu’il ne serait pas enrôlé tant qu'il n'aurait pas fait ses preuves. "
Très atypique en effet, puisqu'un de mes oncles qui avait débarqué en France à St Raphaël, me disait que, tout au long de la remonté vers l'Allemagne des troupes venue d'Afrique du Nord, pas un seul français ensouché n'a voulu empoigner un fusil pour les suivre dans les combats; ce qui m'a été confirmé par un autre des mes oncles qui lui était remonté par le sud de l'Italie après s'être taper Monte Casino. Je pourrais même relater d'autre choses bien pires que celles-ci sur la soit-disante résistance française - bien qu'effectivement qq uns se soient comportés très courageusement.
Bref, les historiens sérieux ont déjà largement dit ce qu'il faut savoir sur cette période, et, des histoires comme, encore récemment, la lettre de G. Moquet - qui n'a jamais été résistant - ne sont que des farces pour divertir le bon peuple et surtout pour masquer la triste réalité !
Où sont passés les FFI, je ne vois pas de commentaires ?
TA-BOU! :-)
Hé voui!
Astrale & Scheiro,
Merci ! C'est passionnant!
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